Rugbyman professionnel, Yassin a joué au SA XV, puis en TOP 14 à Perpignan. Il vient de rejoindre Montauban en ce début de saison 2020. Il a surtout grandi dans le quartier du Champ de Manœuvre où est implanté Le Cours l’Odyssée dont il est le parrain. En toute simplicité, Yassin s’est livré au jeu de l’Interview.
En quelques mots, quel est votre parcours ?
Y.B : Je suis originaire de Soyaux, du Champ de Manœuvre. J’ai suivi un cursus « normal » dans plusieurs écoles, notamment l’école primaire Jean Zay à Soyaux, le collège Romain Rolland. Des établissements classés en ZEP avec des classes surchargées, et des niveaux très différents entre les élèves.
Quelques professeurs m’ont marqué, notamment un professeur agrégé de mathématiques, Monsieur Lacouture, qui avait fait le choix de rester en ZEP car il portait une conviction, et souhaitait se rendre utile et relever des challenges. Grâce à lui et la qualité de son enseignement j’ai pu m’intégrer plus facilement au nouvel environnement social que représentait le lycée de la Rochelle où je suis allé pour le rugby, et obtenir un bac scientifique. J’ai poursuivi mes études à Bordeaux puis à Toulouse. J’y ai obtenu un DUT en technique de commercialisation tout en commençant à jouer au rugby en professionnel.
Auriez-vous aimé fréquenter une école Espérance Banlieues enfant ?
Y.B. Oui, surtout pour les effectifs réduits ! C’est difficile d’apprendre dans une classe bondée, tous les élèves en pâtissent : les meilleurs comme les moins bons. L’environnement social difficile fait qu’il y a souvent plus de lacunes.
Une école qui parle à chacun, et qui part du postulat que personne n’est mauvais, oui, ça me plaît.
Ce qui est bien dans le modèle que vous développez, c’est que les élèves ne sont pas rabaissés, on leur montre que tout est possible. C’est un bon parallèle à faire avec le sport de haut niveau : tout est possible, il suffit de s’en donner les moyens et les outils adaptés !
C’est une école ouverte à tous, même ceux qui sont en difficulté. Certains parents sont parfois désabusés et ne savent plus quoi faire avec leurs enfants.
Par rapport à ce constat, en quoi avez- vous été touché par les valeurs portées par le Cours l’Odyssée ?
Y.B. Les valeurs d’entraide et surtout l’investissement et la passion des professeurs sont les plus importants. Replacer les parents dans leur rôle de premiers éducateurs de leurs enfants est primordial à mes yeux. L’école éduque aussi, mais elle n’intervient qu’après les parents, comme un outil. Il faut que les parents sachent où en est leur enfant, quels sont ses progrès, ses difficultés… L’école doit être le partenaire des parents.
Souvent, dans le système classique, les parents ne sont impliqués que quand ça ne va pas. Parfois, on réagit trop tard, et les lacunes se sont accumulées.
Le Cours l’Odyssée est aussi une école de la vie, où on n’apprend pas que le français et les mathématiques, on apprend aussi à trouver notre place dans la société, et c’est très important. Pour cela, il faut être quelqu’un de bien, de réfléchi, d’ouvert.
Pour moi, c’est très important que ce projet soit apolitique et aconfessionnel. Votre projet défend la même vision de la laïcité que moi : toutes les religions peuvent coexister au sein de l’école dans une véritable mixité qui permet l’ouverture d’esprit. On ne cherche pas à gommer les différences mais à les comprendre, à échanger.
J’apprécie aussi que les écoles Espérance banlieues ne se positionnent pas en concurrence avec l’Education Nationale. Elles sont là pour épauler le système existant, en prenant en charge les élèves qui passent au travers des filets du système classique, pour diverses raisons. Il ne faut laisser personne sur le bord de la route.
D’après vous, que peut apporter le Cours l’Odyssée aux enfants de nos quartiers et à leurs familles ?
Y.B. C’est un tout : le fait de connaître des gens de toutes origines, d’être ouverts à toutes les cultures, de connaître les religions, les opinions politiques et surtout philosophiques, permet de devenir un adulte ouvert, qui n’a pas peur de l’autre. C’est la meilleure manière de lutter contre les préjugés et le communautarisme. Le communautarisme se développe de manière naturelle quand on sépare les populations, quand elles sont « parquées » chacune de leur côté.
Il faut ouvrir l’esprit des élèves, tout en leur permettant d’hériter sereinement de leur culture d’origine. Il faut que les enfants se sentent intégrés dans leur pays, la France. Ce n’est pas toujours le cas chez les jeunes dans les quartiers. Et je pense que pour s’intégrer, il faut se sentir reconnu par son pays. Il faut donner les moyens aux jeunes de se saisir de cette question de l’intégration. C’est ce que vous proposez à vos élèves.
Avez-vous un message à adresser aux enfants et à leurs parents qui pourraient être intéressés par notre école ?
Y.B. Personne n’est condamné à l’échec. Ce n’est pas parce qu’on habite dans les quartiers qu’on est moins bon. Il faut travailler, persévérer, parfois avec abnégation pour mettre toutes les chances de son côté et réussir en tant qu’être humain et futur actif. Nous connaissons tous un jour l’échec, il faut savoir rebondir pour réussir notre vie, et saisir les outils qui nous sont proposés, comme le Cours l’Odyssée !